le bus...
Sur le dos
Allongée sur le dos
Corps immobile
Pensées immobiles
Ou presque
Dans un chagrin humide j'attends
J'attends le bus des mots
Je sais qu'il va passer,
S'arrêter
Me laisser monter
Je m'assierai vers le milieu côté fenêtre
Je regarderai par cette fenêtre
Et petit à petit le flot des mots se deversera en moi
Un tapis de mots en mouvement
Comme un fleuve de mousse
De la mousse du bois
De la mousse de la forêt
Celle que l'on soulève et qui se détache en plaques fragiles
Celle sur laquelle on colle son nez
Celle sur laquelle on colle sa joue
Celle sur laquelle on trouve parfois des fleurs minuscules
Celle dont l'odeur me rappelle que je suis en vie
Que je pourrai me lever
Enfiler un manteau et des baskets
Prendre la lumière de mon vélo
Sauter la grille de la maison d'à côté, ou peut-être seulement la pousser
Et chercher un peu de mousse à sentir
Que je ramènerai
Et poserai sur la table
Avant de retourner me coucher.